Le charme dans l'oeuvre gravé de Morio AVATI passe par la maîtrise la plus parfaite de la technique du cuivre et du " berceau ". Lequel sert à griffer le métal afin de pouvoir par la suite, noircir en profondeur la surface du papier. Cette maîtrise de haut rang, a valu à Mario AVATI le qualificatif international de PRINCE DE LA MANIERE NOIRE. Elève en gravure d'Edouard GOERG qui professait à l'Ecole Nationale des Beaux Arts de Paris, Mario AVATI a pris rapidement son indépendance picturale. Mieux, il a établi un style nouveau, son style, basé sur le contrôle absolu de la Manière Noire. Cette technique lui a réclamé de la patience. Il faut trois jours de travail acharné pour préparer un cuivre. De la force, il est indispensable d'en avoir dans le poignet, de plus il ne faut pas avoir de crampe. Puis, après ce long et pénible travail de préparation, survient l'intervention créative et proprement artistique, il faut alors à Mario AVATI conserver une domination parfaite, sans faille de sa main, qui doit se soumettre sans faiblesse à la sensibilité de son regard. L'intervention du geste de l'artiste consiste alors à aplatir plus ou moins chaque petite barbe qui forme l'épaisse forêt qui recouvre le cuivre. Obtenant ainsi un encrage dont l'intensité variera selon l'écrasement. Cette opération nécessite une maîtrise du mouvement dont la délicatesse est toute chirurgicale. Car ce type de gravure se révèle principalement par des demi-teintes, qui sont tout en subtilité, en finesse. Le résultat est des variantes jamais égalées dans les nuances de gris, et des noirs qui sont les plus profonds qu'on puisse réaliser en estampe, tandis que le blanc peut conserver la pureté immaculée de la feuille de papier. Mario AVATI va, avec son art bien particulier, explorer toutes les possibilités du Noir et Blanc, et par là, il va acquérir une domination la plus parfaite des éclairages. Il en module chaque nuance, en dirige la forme, la triture, lui fait exprimer toutes les valeurs des tons que le regard peut ressentir, mais toujours en observant et en restant dans les valeurs les plus douces. Sans toutefois ne jamais tomber dans la moindre mièvrerie. Mario AVATI va échelonner les gris, mettre en valeur les blancs, il en tirera de la lumière, et encore de la lumière, tout comme les noirs qu'il sortira du gouffre profond créé par ses millions de petites flèches de cuivre, et qui ne dépassent pas les velours les plus soyeux. Pourtant Mario AVATI ne se satisfait pas de son art et de la technique de la Manière Noire. Après avoir épuisé les paysages, inventé des zèbres se promenant dans Venise, des natures mortes avec fleurs et fruits, il va rechercher de nouvelles voies pour son art. Ainsi va-t-il être le premier à appliquer de la couleur, la même technique dont il se servait jusque là pour le noir et blanc et toutes ses nuances. De la sorte naîtra ce que l'on appellera couramment aujourd'hui " La Manière Noire en couleurs ". Le résultat est surprenant, la douceur des tons et de leurs dégradés va se retrouver dans toute l'oeuvre, avec en plus des modulations dans les vibrations des couleurs. Des reflets vont venir compléter les sensations du regard. Nous nous trouvons transportés du solo vers l'orchestre. La symphonie que nous propose Mario AVATI est à la fois grandiose et délicate. Symphonie et même concerto, puisqu'une partie de l'oeuvre se développe en solo et répond à l'ensemble. Avec la couleur, les gravures sur papier de Mario AVATI n'ont plus rien à envier aux huiles sur toile, même comparées à celles de Maîtres prestigieux, tel Renoir, pourtant renommé pour pommeler de rose une joue ou l'arrondi d'un fruit. Elles n'auront qu'un concurrent de valeur égale, et qui les dépasse même parfois, les pastels que réalise ce Prince de la Manière Noire. Mario AVATI qui vit heureux avec une épouse merveilleuse venue des Etats-Unis, se complète par lui-même. Des Musées lui sont réservés au Japon, aux U.S.A., ses expositions ont couvert tous les continents, mais il n'en reste pas moins un homme modeste, ne cherchant ni les honneurs, ni les soirées tapageuses. Si un timbre lui a même été dédié par la poste française, c'est tout à son honneur à elle, car Mario n'a pas cherché pour autant à en tirer une gloire personnelle. Mais comme on pourra le voir durant cette exposition, son oeuvre parle pour lui, et il n'est qu'à regarder pour être séduit. Il ne peut en être autrement et tous les mots sont dépassés par un simple coup d'oeil sur une de ses gravures ou un de ses pastels. Christian GERMAK |