Dans les huiles de Loilier ce n'est pas les formes et les contours qui
vont s'habiller de couleurs, mais bien au contraire, les formes et les
contours qui vont habiller les couleurs. Ce
qui veut dire qu'une priorité est donnée à celles-ci par l'artiste,
et que de leurs hymens l'oeuvre va naître.
La couleur frappe le visage du spectateur, elle l'environne et l'emporte
dans des vibrations sonores qui ensuite, comme une musique, va faire
intervenir une à une des allegros joyeux, des tempos apaisants, ou des
grosso majestueux.
Toutefois un tempo paraît, car Loilier va traduire et peindre les émotions
de ses personnages dont l'expression inscrite dans le regard, sera confirmée
par la composition des formes, et affirmée par une couleur dominante
qui témoignera de l'ambiance du motif.
Certes
Loilier créé des oeuvres polychromes, mais deux éléments font ressortir
un reflet directeur, tapi dans un feu d'artifice vibrant et riche d'éclats.
L'huile
va trouver ainsi un double sens, elle est comme un corps ou une prunelle
qui laisse entrevoir ses pulsions intuitives les plus profondes.
Il
nous faut bien constater à quel point, que ce soit dans des personnages
ou dans des paysages, Loilier s'attache à marquer, ici les émois, là
le climat, lequel va devenir le langage et la motivation de chaque oeuvre.
Les toiles de Loilier !
C'est
un mélange de l'atmosphère du lieu et un reflet, miroir des âmes et
des sentiments. Cependant
si Loilier parcourt les mille facettes du monde, sa sensibilité qui
restée la même lui fait introduire le choix d'un mouvement doux, la
préférence d'une couleur tendre qui s'allume parfois d'un bouquet vif
et dominant. Loilier
d'un pinceau agile et fluide explore l'âme même des éléments, pour en
couronner l'hymen secret avec les dieux de la beauté dont il nous dévoile
une à une les extases.
Une
tendance qui s'affirme de toile en toile, un vent de couleurs qui vient
caresser les espaces en faisant fondre, s'accompagner et s'unir des
variétés de dégradés dissous dans les modulations des lumières. Certes
à côté du Loilier où figurent des personnages, il existe une autre inspiration
qui va être traitée pour elle seule, soit aussi et le plus souvent en
y lovant de jolies jeunes femmes qui compléteront l'ambiance coutumière
pour en faire l'exception, soit pour affirmer la présence, la puissance
et la sérénité de l'oeuvre par elle-même; pour la rendre proche de l'âme.
Or,
quelle que soit l'origine de son inspiration, Loilier ne peut faire
autrement que d'y imprégner et avec force sa marque personnelle. Celle-ci
nous fait découvrir les points de jonction qui font que de toutes façons
nous ne pouvons que reconnaître l'homme à travers l'Artiste. Un mélange
de minutie, un point fort mis encore plus en valeur par une tonalité
soutenue, un regard précis qui avec deux yeux noirs fera vivre et s'animer
les sentiments d'un visage. Quel
que soit le motif Loilier entend le dominer de part en part. Ce n'est
plus la vallée X-Y, ce n'est plus les monts et les plaines X-Y, ce sont
les vallées Loilier, ce sont les monts et les plaines interprétés et
signés Loilier.
C'est
la même démarche forte que nous retrouvons dans tous les paysages de
Loilier, et dans lesquels l'artiste se sert des lumières et des ombres,
que confirme la direction intellectuelle et artistique donnée par lui,
pour que la liberté d'imagination de l'amateur soit tout de suite redirigée
par ce que l'on croit être le détail d'un sujet général.
Une
vue de l'esprit à la conception profondément inscrite dans les gènes
de l'artiste et qui ici trahirait tout anonymat, au point de supprimer
le besoin de s'en aller déchiffrer la signature, car celle-ci est dans
l'oeuvre elle-même.
Dès
le premier regard apparaît l'évidence : c'est un Loilier !
La
signature est affirmée dans la chair même et au plus profond du tableau.
C'est là que se gravent ses origines ! Ainsi
sous une apparence faussement débonnaire, due à une parfaite maîtrise
de composition, la construction, les formes, les lignes et les volumes
vont dévoiler la personnalité de Loilier, qui nous conduit d'une touche
délicate et légère vers la fermeté des sentiments dégagés par l'oeuvre
accomplie.