Retour à la liste Jean-Pierre POPHILLAT, une fenêtre d'été sur un Paradis de printemps ....

Par Christian GERMAK


Je suis sûr que le Paradis Terrestre existe !

Je reste persuadé qu'il est toujours présent sur cette petite planète au sol fertile. Il est là à portée de notre sensibilité. Toutefois notre regard trop tourné vers nous-même ne peut que le pressentir.

Mais il est aussi vrai que certaines âmes tendres et fragiles, inspirées du langage de la poésie, ont le droit de le regarder, d'en humer les senteurs, à défaut d'y pénétrer pour y vivre.

Jean-Pierre POPHILLAT est de ceux-là !

Avec lui, dans son sillage, le Paradis est dans tous les buissons. Il est partout. Il le détecte, car il est aussi porté par son regard d'artiste qui couronne de lumière et de verdure les rues et les villes des hommes. Je sais aussi que sur son chemin, Jean-Pierre POPHILLAT répand fleurs et couleurs qu'il s'empresse ensuite d'aller cueillir pour en parfumer ses toiles.

Si sa main fine et nerveuse s'en va chercher sur sa palette quelques mélanges d'huiles, et de couleurs nées du symbole de paix, Jean-Pierre POPHILLAT ne moissonnera de cet arc-en-ciel que les quelques éléments qui formeront les harmonies de sa symphonie pastorale. Une orchestration magistrale, qui vous emporte, vous soulève et vous emmène dans le sillage d'un concerto. Une musique dont la règle est que le rouge vif peut y dialoguer avec le jaune paille pour se fondre avec lui en un hymen furtif comme un soir d'été, et qu'une touche de bleu horizon viendra éveiller. Alors la lueur orangée va faire briller de toutes ses sonorités un vert amande, alors lumières et couleurs vont enfanter des formes que l'artiste disposera sur sa toile.

Les pétales de roses vont virevolter, portés par le vent frais et léger du matin. Tandis que cette brise d'aurore dérobe ici et là les senteurs nocturnes, et que l'heure diurne se charge des espoirs d'un demain qui commence.

Petit à petit se lève l'astre du jour, les nuances s'avivent, rayonnent depuis les coins d'ombre où elles ont reposé, les embruns que la mer pousse vers le rivage entraînent des tons métalliques parsemés de rubis. Depuis ses vastes demeures Neptune, vient lui aussi jeter un regard sur la toile que peint l'artiste. Enthousiaste le Dieu des océans et des mers l'entraîne de par le monde, et ainsi vont naître des coins de paysages arrachés à la Grèce, des vues de Venise dérobées au temps des Doges, des parcelles de printemps tombent d'une île lointaine qu'accompagne le chant des filles de Madame Butterfly.

Les natures autrefois mortes vont vibrer de tous leurs feux, des feux qui portent des noms de fruits et de fleurs, offrant des nectars onctueux et de confitures fines au palais de l'oeil ébloui.

Cependant parmi ces éclats inondés de lumières aux flashs multicolores apparaissent des moments tendres et doux. Le paysage se repose et reprend son souffle pour que revienne le temps de renaître à la vie. Le crépuscule du soir fait resurgir épars les chauds rayons du soleil, un instant réfugiés dans les profondeurs marines. L'onde scintille de l'intérieur, les nuances colorées se sont affaiblies et s'évadent vers un ciel bariolé de mauve, de jaune et de bleu, tandis que s'étend un manteau à peine tinté de gris. Le calme de la nuit va apaiser les ardeurs du jour. L'artiste, Jean-Pierre POPHILLAT, en est le témoin. Muet en vaines paroles, il s'exprime par son art.

Un art qui s'écrit et se lit dans toutes les langues. Un verbe que Babel et sa Tour n'ont pas souillé.

Pour vous, pour nous, Jean-Pierre POPHILLAT invente l'Eden immortel. Pour vous, pour nous, la fleur éclose hier est encore en bouton. Pour vous, pour nous le temps destructeur n'existe plus. Pour vous, pour nous, Jean-Pierrre POPHILLAT ouvre les portes interdites que garde un archange muni d'une épée d'or et de feu.

Jean-Pierre POPHILLAT fut conçut en fin novembre début décembre durant les premiers froids de l'hiver, et resta confiné bien à l'abri, jusqu'au 29 Août 1937 où il va naître en pleine chaleur de l'été à Lapalisse. Il y grandit, aux abords de Vichy et des monticules environnants, d'où il découvrit la beauté des paysages dans une nature sauvage à l'état pur. C'est là, dans quelques buissons fréquentés par les dieux venus tout exprès du lointain Olympe, qu'une fée mit dans son regard un peu de ciel bleu et le nourrit de toute la pureté des monts d'Auvergne.
Une pureté qui, soyons-en-sûr, lui fait voir la vie en rose et le paradis en vert et bleu.